Le 30 novembre 1934, à à Brouessy au niveau de La Butte aux Chênes à La Croix du Bois, près de l'aérodrome de Guyancourt (Yvelines) d'où elle a décollé, Hélène Boucher se tue lors d'un vol d'entrainement avec son Caudron C.430 Rafale (F-AMVB) - elle a 26 ans.
C'est un choc en France ! Hélène Boucher, malgré son jeune âge, était une héroïne pour beaucoup de français, une héroïne et pionnière de l'aviation.
Enfance
Hélène Antoinette Eugénie Boucher est née le 23 mai 1908 dans le 14ème arrondissement de Paris.
Elle est la fille de l'architecte Léon Boucher et de Elisabeth Hélène Dureau.
La famille habite au 169 rue de Rennes. Hélène boucher va au Collège Sévigné où elle va rencontrer sa meilleure amie, Dolly von Dongen, la fille du peintre Kees von Dongen.
Pour se protéger des bombardements, la famille quitte Paris en 1917 pour une résidence de famille à Boigneville près de Yermenonville (Eure-et-Loir) - elle reçoit alors le surnom de Leno qui ne la quittera plus au sein de son cercle familial (contraction des prénoms de son père et de son frère, Léon et Noël), mais en dehors de celui-ci, elle voulait qu'on l'appelle Hélène.
Elle s'intéresse très tôt à l'aviation et collectionne tout ce qu'elle peut trouver à ce sujets (articles, cartes d'aviateurs, etc...). Durant cette guerre, les Aviateurs étaient considérés comme des héros et leurs exploits abondamment relatés dans la presse et/ou la publicité.
Sa carrière est lancée
Premiers exploits
Bien que passionnée d'aviation, Hélène Boucher n'effectue son baptême de l'air que le 4 juillet 1930 à Orly, à bord d'un De Havilland DH 60 Gipsy Moth. Ce qui la conforte dans sa volonté de devenir Aviatrice (elle voulait aussi venger la mort d'un ami de son frère, ami qui était élève-pilote militaire décédé en formation).
Entre son baptême et son décès, seulement 4 ans... Sa carrière est courte, ce qui a contribuée à sa notoriété et légende.
Quelques semaines après, Henri Farbos (1894-1964), industriel, pilote et fondateur de l'Aéro-Club des Landes à Mont-de-Marsan lui propose de venir et de passer son brevet de pilote.
Hélène Boucher débute ses leçons de pilotage le 21 mars 1931 (avec Henri Liaudet). Elle est breveté pilote de tourisme le 21 juin 1931 (brevet n° 182) - elle rencontre le même jour Adrienne Bolland. puis après tout s'accélère.
Elle achète alors son premier avion (un De Havilland DH 60 Gipsy Mth, immatriculé F-AJKM) et va s'entrainer dur pour devenir pilote professionnelle. Elle effectue plusieurs liaisons entre villes françaises.
Elle totalise très vite les 100 heures de vol minimum nécessaires, réalise ses premiers vols de nuit, et en juin 1932, Hélène Boucher devient la 4ème femme en France à obtenir son brevet de pilote professionnelle de transport publique (après Adrienne Bolland, Maryse Bastié et Maryse Hilsz).
Elle veut se faire connaitre et décide d'acheter un avion bien plus adapté pour participer à des démonstrations, etc. Ce sera donc un Avro Avian 616 Long Range.
(Pour se financer, les démonstrations, compétions, courses, etc., sont pour les pilotes une part importante de leurs revenus).
Elle va le chercher en Grande-Bretagne, à Croydon, et le ramener au Bourget (encore sous immatriculation anglaise), et elle va ainsi participer rallye aérien : Cannes-Deauville le 23 juillet 1932. Mais elle est ''mal préparée'' - son avion tombe en panne, elle effectue un atterrissage d'urgence dans les arbres, mais n'est pas blessée. L'avion retourne à Croydon pour être réparé.
Hélène Boucher ne récupère son Avro qu'en fin 1932, et va commencer à s'entrainer intensivement pour son premier grand raid. Elle le finance grâce en partie à de la publicité : elle peint des marques de produits sur son fuselage (comme les Champagne Pommery).
Raid Paris - Saïgon
Le 13 février 1933, Hélène Boucher s'élance, à bord d'un biplan pour son premier grand raid en solitaire : le mythique Paris-Saïgon en Indochine.
Elle part du Bourget et espère rallier Saïgon, 12 000 km en 11 étapes : Paris - Rome - Athènes - Alep - Bassorah - Djask - Karachi - Allahabad - Calcutta - Rangoon - Bangkok - Saïgon.
Elle sera obligée de se poser d'urgence en traversant l'Irak suite à une avarie moteur non loin de Bagdad le 21 février. Le 23, l'expert dépêché sur place déclare le bloc moteur fendu. La réparation se révèle un véritable calvaire et l'avion n'est prêt que fin mars.
De plus, la lenteur administrative en Indochine pour la suite du raid (et son retour) risque de causer des problèmes. Hélène Boucher décide d'arrêter le raid et de rentrer en France. Elle décolle le 7 avril, en direction du Bourget avec des étapes à Damas, au Caire, à Almaza, à Marsa Matrouh, à Tobrouk, à Benghazi, à Tripoli, à Gadès, et finalement à Sfax (Tunisie) où elle atterrit le 16 avril.
Le 18, elle redécolle pour Le Bourget en passant par Tunis, Palerme, Naples, Rome, Marseille, Lyon. Elle arrive au Bourget le 29 avril en fin d'après-midi.
Pour cette tentative, Hélène Boucher a volé 88h05 et effectué 11 285 km.
René Chambe publie le journal de bord du raid dans la biographie qu'il consacre à Hélène Boucher en 1937 : Hélène Boucher, pilote de France (ici, l'édition originale et une réédition de 1964).
Pas découragée, elle continue les rallyes, courses, etc. comme les Douze Heures d'Angers en juillet 1933. Elle avait obtenu un Mauboussin-Peyret en prêt.
Elle sera la première femme à terminer la course et se classera 14ème : elle volera avec une passagère, Edmée Jarlaud (1910-1939) qui deviendra aussi une aviatrice célèbre et sera tuée lors d'une collision en vol.
Premier record
Le 2 août 1933, elle obtient son 1er record du monde : celui d'altitude féminin pour avion léger deuxième catégorie. A bord d'un Mauboussin M-120 Corsaire (avec un moteur Salmson de 40 ch), elle atteint 5 900 mètres.
En septembre 1933, Hélène Boucher décide de se mettre à la voltige aérienne et son moniteur ne sera autre que Michel Detroyat (1905-1956), célèbre pour ses exploits aériens et prouesses acrobatiques (son avion rouge à bandes blanches était célèbre). Il dira d'Hélène Boucher : << ... Elle sera la meilleure acrobate du monde ! >>.
Ici, le Journal de Tintin n° 312 du 14 octobre 1954, avec une couverture et histoire écrite et dessinée par Jean Graton (le papa de Michel Vaillant, créé en 1957).
En décembre 1933, Hélène Boucher achète un Morane-Saulnier MS.230 (immatriculé à l'origine F-AJML), bien plus adapté à la voltige aérienne.
En mars 1934, elle devient représentante de l'Office Commercial de l'Aéronautique (OCA) à la demande de son Directeur Pierre Sirbain.
Défense de la cause des femmes
A partir de 1934, sa notoriété est très importante d'autant qu'elle s'engage dans le combat féministe au côté d'Adrienne Bolland (1895-1975) et de Maryse Bastié (1898-1952). Elle défend aussi le Droit de vote pour les femmes.
Coupe féminine d'acrobatie aérienne
Le 29 avril 1934, à Vincennes, a lieu la Coupe féminine d'acrobatie aérienne organisée par Le Petit Parisien et Air Propagande. Très populaire auprès du public français, cette Coupe va opposer l'allemande Lisel Bach (105-1992) à Hélène Boucher qui va remporter la première manche. Sa rivale remporte la seconde manche et va gagner cette Coupe aux points.
Pilote officielle de Caudron-Renault
Femme la plus rapide du monde
En juin 1934, Hélène Boucher signe un contrat avec Caudron-Renault elle était en concurrence avec Maryse Hilz).
Elle est embauchée pour tester les avions Caudron en devenant pilote officielle, dont un appareil conçu spécialement pour battre des records, le Caudron Rafale !
Très vite, elle fait tomber des records : elle se classe tout d'abord deuxième au Douze heures d'Angers le 8 juillet 1934 où il a piloté seule son appareil (avec passagère non pilote), un Caudron Rafale C.530 biplace, contrairement à d'autres pilotes qui se sont relayés (comme les vainqueurs qui avaient aussi volé sur le même type de Rafale). Au cours de cette course, elle bat le record, masculin et féminin, de vitesse des 1 000 km pour avions légers : 250 km/h.
Un mois plus tard, le 8 août 1934, à bord d'un Caudron C.460 de 160 ch, Hélène Boucher va battre deux records de vitesse sur monoplan : circuit des 100 km féminin à 412 km/h et circuit des 1 000 km masculin et féminin à 409,200 km/h.
Trois jours plus tard, le 11 août, sur un Caudron C.450 (le n°13) Hélène Boucher bat de nouveau un record de vitesse féminin, sur ligne droite de 3 km : 445 km/h ! (qu'elle avait déjà battu et porté la veille à 428 km/h).
Hélène Boucher est, à ce moment-là, la femme la plus rapide du monde !
Avec Renault, Hélène Boucher devient ''l'égérie'' de la marque en promouvant la Vivasport 6 cylindres, voiture de sport de prestige dessiné par Marcel Riffard (1886-1981) qui a dessiné le Caudron C.430 Rafale.
Le 30 octobre 1934, elle fait son 1er vol avec le nouvel avion qu'elle a acheté : un Morane-Saulnier MS361 (F-ANKA).
Hélène Boucher et son Rafale C. 450 sont parmi les vedettes du Salon de l'aéronautique qui se tient au Grand Palais en du 16 novembre au 6 décembre 1934.
Lors du Salon du Bourget 2023, un Caudron Rafale était exposé par Renault.
L'accident
Le 30 novembre 1934, alors qu'elle effectue un vol d'entraînement depuis l'aérodrome de Guyancourt à bord de son Caudron C.430 Rafale, Hélène Boucher s'écrase à Brouessy au niveau de La Butte aux Chênes à La Croix du Bois. Malgré de prompts secours, elle meurt, à côté de Satory, dans l'ambulance qui la transportait vers l'hôpital de Versailles.
Les causes de l'accident ne sont pas claires, même si la presse de l'époque parle d'une perte de vitesse à l'atterrissage et d'une possibilité d'erreur involontaire de pilotage à cause des commandes inversées sur cet appareil.
Hommage
C'est un choc pour la France.
Un hommage national est rendu à Hélène Boucher à l'Eglise Saint-Louis-des-Invalides à Paris où son corps sera exposé pendant deux jours.
C'est la première femme à recevoir un tel hommage.
Le 2 décembre 1934, Hélène Boucher est citée à l'Ordre de la Nation et le 4 décembre, la Légion d'Honneur lui est décernée à titre posthume.
Hélène Boucher est inhumée dans le cimetière d'Yermenonville où elle a passé son enfance. Un monument spécial lui est dédié dont la souscription avait été lancée le 6 décembre 1934.
Le monument sera inauguré le 6 décembre 1935 par Léon Boucher, le père, et par Michel Detroyat. Le monument est l'oeuvre du marbrier Eugène Guilvard, la sculpture de bronze a été réalisée par Georges Guérard. C'est l'architecte G. Letellier qui a dirigé les travaux.
Il faut signaler que le buste en bronze a été volé en 1998 et a été remplacé par une copie, en bronze, en 2019.
La mairie d'Yermenonville a reçu en donation de la famille d'Hélène Boucher de très nombreux souvenirs et documents concernant l'aviatrice, et qui sont exposés sur place.
- Vidéo hommage de la mairie d'Yermenonville- Page hommage de la mairie d'Yermenonville
Dans la culture populaire
De nombreux ouvrages, articles ont été écrit rendant hommage à Hélène Boucher, parfois de façon très romancée (romanesque). Elle était une figure inspirante de ce début des années 30.
Hélène Boucher Jeune fille française d'Antoine Redier (1873-1955) est paru dès l'été 1935 aux Editions Ernest Flammarion est la première biographie écrite (247 pages) - une biographie assez complète mais écrite de façon ''assez romanesque''.
La préface a été écrite par le Général Victor Denain, Ministre de l'Air de février 1934 à janvier 1936 et en même temps Chef d'état-major de l'Armée de l'Air.
Ici, un exemplaire signé par l'auteur.
Plusieurs rues en France portent son nom. A Paris, à la Porte de Vincennes (20e), se trouve le Collège et Lycée Hélène Boucher, et un Square Hélène Boucher se trouve dans le 13e.
Une Coupe d'Aviation féminine Hélène Boucher avait été créée et a eu lieu en 1935 et 1936, remportées à chaque fois par Maryse Hilsz.
En 1953 sort le film Horizon sans fin, réalisé par Jean Dreville et avec Gisèle Pascal dans le rôle d'Hélène Boucher.
Divers souvenirs, objets utilisent Hélène Boucher à des fins promotionnelles et/ou publicitaires.
(boite d'allumettes) |
Le 6 juin 1972, un timbre pour la Poste Aérienne est émis en France à l'effigie d'Hélène Boucher et de Maryse Hilsz. Le timbre est dessiné et gravé par l'artiste Jacques Combet.
Ici, un exemple avec deux enveloppes signées par Jacques Combet dont une signée aussi par trois pionnières de l'aviation française : Elisabeth Boselli (1914-2005), Yvonne Jourjon (1899-1985) et Andrée Dupeyron (1902-1988).
Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
Space Quotes - Souvenirs d'espace
Sources : les divers ouvrages consacrés à Hélène Boucher montrés ici
Mairie d'Yermenonville
Un ENORME merci à l'ami Xavier T. pour son attentive relecture
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