mardi 13 septembre 2011

CONSTANTIN ROZANOFF (1905 - 1954), France


Constantin ''Kostia'' ROZANOFF

Constantin ''Kostia'' Rozanoff est né le 23 août 1905 à Varsovie (alors dans l'Empire russe).

Il émigre en France avec ses parents en 1917 suite à la révolution soviétique, et est naturalisé français en 1927. La même année, il effectue son service militaire. Il le fait au sein du 34ème régiment d'aviation au Bourget puis au 12ème régiment d'aviation à Reims.

Il est diplômé en 1933 en tant qu'ingénieur de l'Ecole Centrale de Paris puis de Sup Aéro (fondée en 1909, la plus ancienne école d'ingénieur au monde, aujourd'hui Isae-Supaéro). Il a entre-temps passé son diplôme de pilote d'avion en 1930.

En tant que militaire dans l'Armée de l'Air, il est affecté en 1935 comme pilote d'essais au Centre d'Essais du Matériel Aérien (CEMA) situé sur la Base de Villacoublay. Il y reste jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Il rejoint le front en février 1940 en tant que Commandant en second du groupe de chasse II/4. Durant la bataille de France, il obtient deux victoires, ses seules du conflit. Après l'Armistice de juin 1940, Kostia Rozanoff reste dans l'Armée de l'Air. Après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942, il prend la tête du groupe de chasse II/5 La Fayette qui se rallie à La France Libre. L'escadrille est alors équipée des fameux Curtiss P-40 Warhawk. Les combats auront lieu en Tunisie contre les forces de l'Axe.
Cette escadrille avait été formée en 1933, et reprenait les traditions de la fameuse escadrille La Fayette constituée par des volontaires américains avant l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1917. Ses avions arboraient la célèbre Tête de Sioux qui est donc reprise par le II/5 La Fayette, et que Rozanoff continuera d'arborer cette Tête de Sioux sur les appareils qu'il essayait même après avoir quitté l'armée.
(Le Mystère IVA et l'Ouragan exposés au Musée de l'Air et de l'Espace arborent La Tête de Sioux)
Kostia Rozanoff devient adjoint au directeur des écoles de pilotages en Afrique du Nord puis sera le Commandant du groupe de chasse II/3 à partir de juillet 1943. Puis, il quitte la France pour la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pour différentes formations de pilote - il y restera jusqu'à la fin de la guerre. Il y apprend le pilotage des avions à réaction.
Fin 1945, il revient en France où il est affecté, avec le grade de Colonel, sur la Base 118 de Mont-de-Marsan (qui porte aujourd'hui son nom) comme Directeur du Centre d'Essais en Vol (CEV).

Constantin Rozanoff quitte l'Armée de l'Air en octobre 1946.

Il rejoint quasi immédiatement le constructeur Dassault comme Directeur des Essais en vol. C'est lui qui dirigera donc les essais des premiers chasseurs à réaction de chez Dassault comme l'Ouragan (prototype MD450 01 dont il effectue le 1er vol le 28 février 1949 à Melun-Villaroche) et les Mystère, dont le Mystère IV dont il effectue là-aussi le 1er vol (28 septembre 1952).
(Transportée à bord d'un Ouragan par Bordier lors d'un vol d'essai et signée par Kostia Rozanoff)



C'est d'ailleurs avec un Mystère IVB que Kostia Rozanoff devient le premier pilote français à franchir le Mur du Son en vol horizontal le 24 février 1954 (Roger Carpentier l'avait franchi sur Mystère II le 12 novembre 1952, mais en piqué). La France devançait ainsi la Grande-Bretagne et réussissait cet exploit juste quelques semaines derrière les Etats-Unis avec leur F-100 Super Sabre. Le Mystère IV  avait décollé de la Base de Brétigny-sur-Orge.

Constantin Rozanoff devint une ''star'' - Avec le journaliste et écrivain Marcel Jullian (1922-2004), Kostya Rozanoff rédige ses mémoires, ce sera Double Bang. Le manuscrit sera inachevé et publié avec une postface de Marcel Julian.

Un mois 1/2 après son vol historique, le 3 avril 1954 à Melun-Villaroche, Kostia Rozanoff s'apprête à effectuer un vol de démonstration à basse altitude, 30 mètres, devant un parterre d'officiels français et britanniques. Le but est de franchir le Mur du Son à l'horizontale devant eux. Une défaillance technique bloque la connexion de l'aile de profondeur (gouvernail arrière), et c'est la catastrophe. L'appareil pique soudainement du nez à très grande vitesse, et s'écrase au sol en à peine deux secondes, tuant instantanément Constantin ''Kostia'' Rozanoff, il avait 48 ans !

Son autobiographie Double Bang, inachevée, sortira en 1954 (chez Miot-Dumont), et prendra le titre de Pilote d'essais dès 1955 dans collection de la Bibliothèque verte (pour toutes ses rééditions).

En 1959, la poste émet, pendant le Salon du Bourget, un timbre en son honneur, avec un autre pilote d'essais Charles Goujon. J'en ai fait d'ailleurs toute une monographie spéciale.

Nous avons vu tout à l'heure que la Base 118 de Mont-de-Marsan s'appelle Base Colonel Rozanoff depuis le 20 juillet 1985.

Une rue du Colonel Rozanoff existe à Paris de 1972 dans le 12ème arrondissement.

Une rue du Colonel Rozanoff existe aussi à Dugny (93) au pied des réserves du Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget - c'est dans cette rue que j'habite depuis près de 5 ans.

Il est le parrain de la Promotion 2014 de l'Ecole Centrale de Paris.

Crédit : Photos et Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
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