vendredi 20 mars 2020

Jean-Marie SAGET (1929-2020), France


(en cours de publication)



Crédit : Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969
             Space Quotes - Souvenirs d'espace

Alfred M. ''Al'' WORDEN (1932-2020), USA


L'astronaute Al Worden nous a quitté ce 18 mars 2020 à l'âge de 88 ans à Houston.


Alfred Merrill Wordeb est né le 7 février 1932 à Jackson dans le Michigan.

Après son baccalauréat, il entre à l'Académie Militaire de West Point d'où il sort diplômé en 1955. Il intègre ensuite l'US Air Force. Il est d'abord affecté au Texas (Laredo AFB) puis en Floride (Tyndall AFB).

Lors d'une de nos rencontres, à la question "A quel âge, avez-vius commencé à vous intéresser à l'aviation ?", il m'avait répondu << En fait, je ne connaissais rien aux avions avant d'aller à washington DC pour mes entretiens d'affectation - je n'avais même jamais pris l'avion jusque là ! J'ai choisi l'aviation parce que je trouvais que c'était le lieu le plus sûr de l'armée en cas de guerre ! >>
(voir son interview en cliquant ICI).

Il intègre en 1962 l'école de formation des pilotes d'essais de l'US Air Force, la fameuse ARPS (Aerospace Research Pilots School) dirigée alors par Chuck Yeager   - aujourd'hui appelée US Air Force Test Pilot School.
Sa Class 62, de 12 pilotes, comprenait entres autres les futurs astronautes Charlie Duke, Stu Roosa, Hank Hartsfield ou le futur pilote de Kifting Body Peter Hoag.

Au moment de sa sélection par la NASA dans le Groupe 5 le 4 avril 1966 (en même temps que Duke et Roosa), il est instructeur à l(ARPS et compte à ce moment-là plus de 2 500 heures de vol sur avion à réaction.


Il est d'abord membre de l'équipe soutien au sol de la mission Apollo 9 en mars 1969 et doublure de Richard Gordon sur Apollo 12 en tant que pilote du module de service.

Il décolle le 26 juillet 1971 vers la lune avec la mission Apollo 15. Il en sera le pilote du module de service (CMS) et tournera seul autour de la Lune pendant 34 orbites pendant que David Scott et James Irwin y marcheront.


Lors du Salon 2015 où il était venu, Al Worden avait fait une présentation où il parlait de sa mission Apollo 15. Un petit extrait que vous pouvez voir ici ;


même pas peur !
Le 5 août, alors qu'Apollo 15 s'apprête à quitter l'orbite lunaire pour revenir sur Terre, Al Worden effectue la première EVA cislunaire en sortant à l'extérieur du module pendant 35 minutes afin de récupérer des cartouches photos et films et des expériences. Il était à 320 000 km de la Terre. A ma question posée "pas trop d'angoisse d'être si loin de la Terre pour l'EVA ?", il m'avait répondu en éclatant de rire << même pas peur ! >>


Lrs trois hommes rentrent sur Terre le 7 aoùut 1971 après un vol de 12 jours 7 heures 11 minutes. Ils se sont fait un peu peur car un des parachutes ne s'est pas ouvert lors de l'amerrissage.


Pour leur patch créé par Emilio Pucci, les astronautes voulaient 15 en chiffres romains mais on leur refusa. Al Worden proposa, avec Scott, de contourner l'interdiction en mettant XV dans le décor de la surface lunaire avec deuc cratères (ce qui fait aussi des phases de Lune).

 

Le National Air & Space Museum (NASM) abrite un tableau extraordinaire de l'artiste Pierre Mion.
(Voir l'interview de celui-ci en cliquant ICI)


Ce fut son seul et unique vol spatial. Il est Lune des 24 personnes ayant tourné autour de la Lune.
Il quitte la NASA ern janvier 1975, le "scandale" des enveloppes que l'équipage avaient emmenées sur la Lune y est, hélas pour lui, pour beaucoup (voir l'article que j'ai écrit en avril 2001 pour Timbres Magazine et celui auquel j'ai collaboré en avril-mai 2019 pour Ciel & Espace).


En 1982, il se lance en politique et se présente comme candidat pour la Chambre des Représentants (chambre basse du Congrès) dans l'état de Floride. Il est battu mais considère cette campagne comme << un des moments les plus exaltants et importants de ma vie >>. Le combat est tellement important pour lui qu'il s'endettera beaucoup pour cette élection.
Ayant récupéré une partie des fameuses enveloppes ayant volé sur la Lune lors d'Apollo 15 (voir plus haut), il en vendra certaines pour payer ses dettes dûes à l'élection perdue.

Il travaillera dans le privé jusqu'au début des années 2000. Mais c'est surtout son engement auprès des jeunes qu'on retiendra. Il était un ''passeur d'histoires et d'inspiration'' extraordinaire.

Il avait été membre de plusieurs associations, fondations, dont l'Astronaut Scholarship Foundation (ex-fondation Mercury) dont il était un des membres du directoire.

En France, les jeunes le connaissent surtout pour être un des parrains du Rocketry Challenge dont la finale internationale se tient tous les deux lors du Salon du Bourget. Il était présent lors de ces finales et donc sur le Salon en 2015, 2017 et 2019.

- Salon du Bourget 2015 en cliquant ICI
- Salon du Bourget 2017 en cliquant ICI
- Salon du Bourget 2019 en cliquant ICI


Lors du Salon du Bourget 2019, il était aussi présent pour célébrer les 50 ans du Premier pas de l'homme sur la Lune avec Walter Cunningham (Apollo 7) et Charlie Duke (Apollo 16 et 10ème homme à marcher sur la Lune).

Il y avait une conférence de presse spécuale en présence des trois hommes et j'avais pu poser la 1ère question "Dans quel état d'esprit était-il au moment du décollage ? " et voici leurs réponses :


Pour ses présentations, conférences au public, Al Worden portait sa fameuse veste bleu-clair/bleu-vert d'astronaute qu'il portait à l'époque d'Apollo 15.


Al Worden écrivait aussi des poèmes dont il a lu cetains lors de sa mission Apollo 15. Il a écrit également HELLO EARTH en 1974 quiest un recueil de poèmes inspirés par son voyage lunaire.



En 2011, avec Francis French, il écrit son autobiographie FALLING TO EARTH. Ouvrage qu'il dédicacera au Salon du Bourget 2015.


Crédit ; Stéphane Sebile / Spacemen1969
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jeudi 5 mars 2020

Valérie ANDRE (1922 - ), France


(en cours de publication)



Crédit :

Marta BOHN-MEYER (1957 - 2005), USA


PORTRAIT DE FEMME

Marta Bohn-Meyer était chef-ingénieure du Dryden Flight Research Center (DFRC/ aujourd'hui Neil Armstrong Flight Research Center) sur la Base d'Edwards en Californie.

Née le 18 août 1957, Marta Bohn-Meyer s'intéresse très tôt à l'aviation. elle commence à voler à 14 ans, effectue son premier vol solo à 16 et obtient sa licence de pilote avant son permis de conduire.

C'est très logiquement qu'elle s'oriente vers des études d'ingénieure aéronautique qu'elle prépare et obtient à la Renseelaer Polytechnic Institute à Troy dans l'état de New York. durant ses études d'ingénieure, entre 1976 et 1979, elle est également stagiaire pour la NASA au Langley Reseach Center (LaRC) en Virginie où elle travaille sur les vols d'essais et le flux laminaire (elle deviendra plus tard project manager du programme F-16 XL, avion d'essais pour étudier ce flux).

Après l'obtention de son diplôme, elle entre officiellement à la NASA au DFRC. 

Durant sa carrière, Marta Bohn-Meyer travaille sur de nombreux projets d'essais en vol (le 1er A de la NASA veut dire Aeronautic). Elle a également été Manager Project, notamment du F-16 XL.

Interview de Marta concernant son travail sur le F-16 XL


Elle est mariée à Robert R. "Bob" Meyer, rencontré pendant ses études, et qui est lui aussi employé par la NASA comme ingénieur d"essais en vol.

Lorsque l'US Air Force met à ma retraite ses Lockheed SR-71 Blackbird en 1991, trois d'entre eux sont affectés à la NASA qui va s'en servir comme banc d'essai haute vitesse et haute altitude. En plus des pilotes, la NASA va affecter des ingénieurs qui serviront de navigateurs et pour réaliser les expériences en vol. Tout naturellement, le choix va se porter sur Marta Bohn-Meyer et son mari Bob.


Marta Bohn-Meyer devient ainsi la première femme (NASA ou US Air Force) a voler en SR-71. C'était le 3 octobre 1991 (le pilote était Ed Schneider). Elle effectuera ainsi des dizaines de vol à bord de "l'Oiseau Noir".


En 2001, elle devient ingénieure-chef du DFRC et sera responsable des essais en vol.


Pilote accomplie, Marta Bohn-Meyer est aussi une pilote de voltige accomplie. elle participe à de nombreuses compétitions et fait même partie de l'équipe de voltige (Unlimited) américaine. Elle meurt après le crash de son avion de voltige lors d'un entraînement le 18 septembre 2005. Elle avait 48 ans.

(crédit : IAC  / International Aerobatic Club)
Marta Bohn-Meyer, timide en apparence, était une battante et aimait beaucoup partager son expérience auprès des jeunes, surtout auprès des jeunes filles.

J'ai eu l'occasion de la rencontrer en mai 2005 à New York lors d'une conférence sur l'USS Intrepid (où se trouve un SR-71 exposé) et j'avais pu lui poser 2-3 questions. cela l'a beaucoup amusé et flatté que je vienne de France pour la voir (je n'ai commencé à mettre mes rencontres et interviews qu'à partir de 2009).

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué lors de votre 1er vol en SR-71 Blackbird ?
La chaleur ! Lorsqu'on met la main sur la vitre, et même avec les gants de la combinaison, on sent qu'il fait vraiment chaud.

Pas la vitesse ? Comment est le monde vu à 3 000 km/h ?
La chaleur nous montre la vitesse (sourire).
Mais aussi, j'étais tellement occupée que je n'avais pas trop le temps de regarder par les fenêtres du cockpit. c'étaient des vols de recherches et donc beaucoup de choses à faire. et de toute façon, si je regardais par la fenêtre, à un moment nous étions en californie, et quand je regardais de nouveau, nous étions déjà dans l'Utah (rires...)

Ce n'a pas été trop difficile d'être une femme dans ce milieu d'hommes ?
Non ! Je n'ai jamais eu de problèmes de discrimination. Seules mes compétences sont prises en compte.



Crédit : Colle?ction Stéphane Sebile / Spacemen1969 (photos de presse)
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            NASA pour la vidéo:


Geraldyn M. "Jerrie" COBB (1931 - 2019), USA


PORTRAIT DE FEMME

Geraldyn Menor ''Jerrie" Cobb est née le 5 mars 1931 à Norman (Oklahoma).


Son père est  officier dans l'US Army. En 1943, il prend des leçons de pilotage car il doit intégrer l'Army Air Corps pour de nouvelles responsabilités. Un jour, il surprend sa fille assise dans son avion, un biplan Waco 1936. Il l'emmène faire un tour. Jerrie Cobb a 12 ans et la passion des avions ne la quittera plus !

A 16 ans, elle lance des prospectus tout en faisant de la voltige aérienne. A 17 ans, elle obtient son brevet de pilote privée. A 18 ans, sa licence de pilote commercial(e).

Au début des années 1950, elle achète enfin son propre avion pour faire des vols privés charter. Mais la clientèle essentiellement masculine préfère un pilote masculin. Victime d'une vraie discrimination sexuelle par rapport à son travail, Jerrie Cobb abandonne et se fait engager, en 1952, comme pilote de convoyage par Jack Ford, le patron de Fleetway Incorporated qui achemine à travers l'Atlantique et en vol des appareils issus des surplus de l'armée américaine.

Jerrie Cobb va ainsi convoyer, entre autres, des B-17 et des T-6G. Elle est ainsi, à cette époque, la première femme à exercer ce travail au Etats-Unis. Elle va être aussi chef-pilote pour les convoyages vers l'Amérique du Sud.
Tout cela n'est pas sans risques ni dangers. Elle aura son lot de pannes et atterrissages de fortune. Elle sera même arrêtée en Equateur comme espionne péruvienne (son avion avait des marquages péruviens).

Son expérience de vol lui permettent de battre plusieurs records de distance, vitesse, altitude et... elle n'a pas encore trente ans ! Et elle est également titulaire de plusieurs licences comme celle d'instructrice. Jerrie Cobb devient également la première femme a présenter en vol un avion lors d'un Salon du Bourget.

Jack Ford la demande en mariage. Ils restent fiancés deux ans avant que ce dernier ne meurt dans l'explosion en vol de l'appareil qu'il convoyait. Elle retourne en Oklahoma quelques temps pour faire son deuil, puis à partir de 1958, elle travaille comme chef-pilote et manager pour la société Aero Design and Engineering Compagny qui construit des Aero Commander, des bimoteurs d'affaires. Elle est l'une des trés rares femmes à cette époque à avoir un tel poste à responsabilité dans le secteur aéronautique.


Jerrie Cobb a reçu de nombreuses distinctions et récompenses (Gold Wings de la FAI, Amelia Earhart Gold Medal, Harmon Trophy, etc...)


Jerrie Cobb a participé en 1960, dans un programme totalement indépendant de la NASA, aux mêmes tests physiologiques que les astronautes masculins du programme Mercury. Ce groupe de 13 femmes est plus connu sous le nom de Mercury 13.
Si les tests montraient que les femmes étaient égales aux hommes pour aller dans l'espace, les mentalités américaines (et d'autres pays aussi d'ailleurs) n'étaient pas prêtes. Et aucune des candidates intégra la NASA. Et malgré des auditions au Sénat US, Jerrie Cobb ne pu infléchir la décision et aucune américaine ne vola dans l'espace avant 1983 (Sally Ride lors de STS-7).
Unes des "raisons" (excuses) de la NASA pour ne pas sélectionner de femmes de ce groupe était le manque d'expérience en vol à réaction. Jerry Cobb, malgré ses 7 000 heures de vol à cette époque sur avions à hélice (ce qui était un record féminin et considérable en 1960), n'avait qu'une seule heure de vol sur avion à réaction, et en passager en plus.

L'administrateur de la NASA James Webb lui demanda d'être consultante pour la NASA en 1961.


Pendant les 50 années suivantes, en plus d'un engagement humanitaire important, notamment comme pilote en Amérique du Sud auprès des tribus amérindiennes (qui lui vaudra d'être nominée en tant que candidate pour le Prix Nobel de la Paix), elle sera une ardente défenseure du droit des femmes et de l'égalité avec les hommes.

Elle s'est encore ''battue'' en 1999 lorsque la NASA sélectionna le sénateur John Glenn pour un vol en navette spatiale. La justification de la NASA était une étude sur le vieillissement - Glenn avait 78 ans. Un comité s'était créé pour demander au Congrès américain d'envoyer Jerry Cobb à la place de John Glenn. Rien n'y fit.
C'est surtout à partir de ce moment-là que les Mercury 13 devinrent connues et reconnues.

Jerry Cobb a écrit deux ouvrages : Women Into Space en 1963 et Solo Pilot en 1997. Netflix lui a consacré un documentaire en 2018.


J'ai rencontré Jerrie Cobb à deux reprises. Les deux fois à Washington DC au NASM, à la fin des années 1990, pour des rencontres avec des jeunes. Et à chaque fois, elle a été très inspirantes pour les jeunes présentes.

Elle nous a quitté le 18 mars 2019 à l'âge de 88 ans.


Crédit ; Collection Stéphane Sebile / Spacemen1969 (notamment photos de presse)
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